A Paris, certains bars offrent un plat gratuit contre une consommation. Une aubaine pour les bourses modestes, qui se refilent les bons plans pour manger gratuitement à Paris.
Au début, je mettais des cacahuètes, et les gens en avaient marre. Quand j’ai lancé le couscous offert avec la consommation, les clients étaient contents, alors j’ai continué, tout simplement. » Et ça fait trois ans que ça dure… Au bar Le Grenier dans le quartier de Ménilmontant, on ne se prend pas la tête pour expliquer l’origine de l’idée du couscous offert pour un verre. Derrière, il n’y avait pas non plus de stratégie marketing poussée. « C’est juste pour faire de la publicité, rien de plus, ça ne coûte pas très cher, mais ce n’est pas rentable pour autant. Ça m’a permis de constituer une clientèle avec quelques habitués en plus », explique Jamel. Alors que le pouvoir d’achat n’a pas vraiment augmenté, ils sont plusieurs restaurateurs parisiens à proposer le repas gratuit pour l’achat d’une ou plusieurs consommations. Le plus souvent, il s’agit d’un couscous ou de moules frites, selon la saison. Les restaurateurs y trouvent quand même leur compte en jouant sur les quantités, au risque de perdre un peu d’argent si l’affluence n’est pas au rendez-vous, comme pendant les vacances. Bon, il ne faut pas s’attendre à un coucous royal : il est le plus souvent servi avec des légumes et une seule viande, en général du boeuf. Ceux qui se lancent dans l’opération ne sont pas les établissements les plus cotés, mais ils ne visent pas non plus une rentabilité équivalente. Et ils espèrent bien sûr que les clients ne se contenteront pas de la consommation réglementaire et se laisseront aller à boire quelques verres de plus. Le Tribal Café, dans le 10e arrondissement, est l’un des pionniers du couscous gratuit. Kabyles du quartier et branchés se tassent autour des tables du mercredi au samedi, où l’on sert en alternance couscous et moules-frites. Kader, le gérant, assume le côté commercial de l’opération : « Ça nous a permis de faire connaître l’établissement, qui est caché dans une cour. Il fallait faire venir du monde. » Même si, pour lui, l’effet nouveauté est passé : « Au début, ça a marché, maintenant beaucoup moins. D’autres bars s’y sont mis. Ce n’est plus le même débit ni le même rendement, mais on le fait pour le plaisir, les gens y ont pris goût. »
Au French K-Wa, le couscous du mercredi est devenu une sorte de rituel, attirant une cinquantaine de personnes chaque semaine. Alors que le lieu change de main, les nouveaux gérants ont l’intention de continuer le couscous gratuit pour tester la formule, au moins pour le mois de février. Si le mouvement prend, il y a des chances que ça continue. Et ils comptent bien perpétuer l’offre culturelle de ce bar du 20e arrondissement, avec une programmation « de musiques expérimentales et d’artistes émergents ». Le lieu changera d’appellation au cours du mois de mars, avec un festival sur trois jours en guise d’inauguration, pour devenir le Bouillon belge, qui, comme son nom l’indique, présentera une offre en bières très fournie. Beaucoup de ces lieux se remplissent grâce au bouche-à-oreille et leurs adresses se retrouvent sur la toile, ce qui leur offre une visibilité inattendue. La plupart figurent aussi dans les guides du type “Paris 0 euro”. Mais une bonne partie de ces listes ne sont pas mises à jour. Certains ont arrêté l’opération, d’autres n’existent plus. A La Chope du Château Rouge, dans le 18e, où il y a deux ans on se réjouissait de voir la fréquentation tripler, Abdel Benyahia ne sert plus de couscous gratuit : « On a arrêté parce qu’on a prévu des travaux en cuisines. C’était intéressant au départ, mais ça l’était de moins en moins. Ça m’étonnerait qu’on reprenne. » Parmi ceux qui n’ont pas renouvelé la formule, on trouve Les Fontaines et Le Taïs dans le 11e arrondissement, ou le Hoggar Café dans le 18e. A La Providence, un bar coincé près du McDonald’s du métro Parmentier qui offre le couscous à partir de deux consos les vendredis et samedis, le propriétaire est un peu blasé par rapport à la formule : « Les gens chipotent, ils voudraient que le repas soit offert pour le prix des consommations les moins chères. Si je fais ça, j’ai plus qu’à mettre la clé sous la porte. Je ne sais pas encore combien de temps je vais continuer, mais c’est vraiment juste pour faire marcher la limonade. ».
D’autres sont plus enthousiastes. A La Cordonnerie, rue St-Denis, Moualem et Rachid offrent le couscous tous les jeudis et samedis depuis cinq ans. En été, on passe aux moules-frites. Les deux associés perpétuent la tradition kabyle et auraient sans doute du mal à arrêter maintenant. « Ce serait compliqué, c’est comme un point de repère. Une fois que les gens sont habitués, il est difficile de changer », explique Rachid. Dans leur petit bar, ils reçoivent une clientèle variée, pas mal d’étudiants, des étrangers et d’autres qui viennent pour l’occasion. « On double la fréquentation le jour du couscous. Ce n’est pas très rentable, mais on n’est pas trop gourmands. » Car c’est du travail de préparer entre 100 et 150 couverts. Un jeudi dans la cuisine de la Cordonnerie, c’est une quinzaine de kilos de semoule, et une vingtaine de kilos de légumes. « C’est un bon couscous qu’on sert. Avec navets, pois chiches, carottes, courgettes, viande de boeuf ! » La plupart des gens jouent le jeu et consomment après, le prix des verres incitant aussi à rester sur place (2,50 € la pinte, 4 € après 20 h). Et ils ne sont pas radins : « Parfois, on offre le couscous même sans consommation. Quand il en reste, on en donne aux sans-abri. Ici, on ne refuse jamais personne. » Une sorte de “couscous du coeur” qui est pourtant menacé de fermeture. Il semblerait que la police surveille de près le bar, qui pourtant ne fait pas plus de bruit que les autres dans un coin assez animé et plutôt propice aux sorties nocturnes. La Cordonnerie a déjà été fermée quatre fois ces dernières années, et se trouve sous la menace d’une fermeture administrative de six mois, qui sonnerait le glas de l’opération. Rachid s’en désole : « Pour les gens qui n’ont pas beaucoup d’argent, c’est bien de faire ce genre d’opération. Evidemment, ça nous fait de la pub, mais il faudrait que plus de bars se lancent là-dedans. Je ne comprends pas qu’on veuille nous faire fermer, au lieu de nous soutenir, alors que c’est tout de même un risque financier qu’on prend en faisant le repas gratuit. »
Pour les parisiens toujours à l’affut d’idées nouvelles pour sortir, voilà une formule assez sympa à faire découvrir. Je tweet sur mon réseau…
Mais quelles sont les raisons de ces fermetures, l’article ne nous le dit… On ne voit pas très bien le rapport direct et concret avec cette opération commerciale, faite à d’autres endroits sans qu’elle y génère les même problèmes policiers.
C’est assez inquiétant, il pourrait y avoir des raisons hygièniques là-dedans.
Voilà pourquoi il aurait été plus qu’intéressant d’en savoir plus.
Et puis pour les bars qui rouspètent, franchement ça ne donne pas envie d’y aller! C’est censé être une formule conviviale, à l’heure où il est difficile et à Paris et en France de trouver cette qualité.
Etablisser quelques règles, nom de nom, pour que ce soit ok! Genre prendre une conso parmi celles-là, je ne sais pas… Forcément que les gens vont chipoter, vous croyez qu’ils viennent pourquoi.
Sans compter ceux qui n’ont pas forcément l’habitude de Boire en mangeant.
Si c’est pour faire culpabiliser les gens ou que sais je, en disant que ça ne marche pas! Ca me parait un peu trop simple, je suis déçue que ce ne soit pas plus approfondi.